24h de Spa : Face à face avec l'Everest

26 octobre 2020 GT World Challenge Europe
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Me voilà de retour dans mon appartement, marqué par ces dernières 72 heures.

Comme vous le savez, tout s'est bien passé jusqu'aux essais qualificatifs, où nous prenons la 2eme place en Pro-Am, et la 37eme au général.

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Samedi matin, 9h : J'ouvre les yeux, ça y est, c'est le grand jour. Je m'apprête à prendre part à mes premières Total 24h de Spa, l'une des courses les plus difficiles du monde.

La tension monte petit à petit, mais je reste calme : l'important est de ne pas faire de fautes, ramener la voiture sans dégâts à la fin de chaque relai, pour espérer terminer la course.

On ne peut pas aborder une telle course, une telle montagne du sport automobile, en visant un résultat. Le premier but est de rallier l'arrivée.

Jim est désigné pour prendre le départ. Il a beaucoup plus d'expérience que moi en GT3, c'est un choix logique.

Malheureusement, dans son premier relai, il percute une Bentley à la chicane de "l'arrêt de bus".

Il passe immédiatement par les box, la voiture est rentrée par les mécaniciens qui se dépêchent de réparer l'avant gauche avec de l'adhésif. Nous prenons 5 tours de retard.

Après 2h dans l'auto, c'est au tour de Fabien Barthez de prendre le volant. Première heure effectuée, il se sent bien et donne le feu vert pour enchaîner une 2eme heure.

Mais au bout de quelques tours, à l'épingle de la Source, la crémaillère casse suite au premier choc et Fabien n'a plus de direction. Heureusement il n'était pas dans un virage à haute vitesse... Il parvient à finir le tour au ralenti et à rentrer aux stands.

La voiture est de nouveau immobilisée, l'équipe prend la décision de réparer mais la sanction est lourde : 2 heures de travail. Les chances de bien figurer sont anéanties, seulement après 3 heures de course.

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Je prends finalement le volant aux alentours de 22 heures, la voiture repart, nous avons plus de 60 tours de retard.

La nuit est tombée depuis quelques heures déjà, et le ciel est menaçant, mais la piste, sèche. Je fais un double relai, 2 heures avec un rythme solide, proche des plus rapides.

Jim reprend le volant, puis de nouveau Fabien.

Après une petite sieste d'une heure, je m'apprête à remonter dans la voiture. Il est environ 4h, la pluie a fait son apparition.

Je pars en pneus pluie, je prends mes marques et hausse le rythme à chaque tour. J'effectue 1h30 solides. La trajectoire a légèrement séché, il faut passer en pneus slicks, même si les conditions sont très piégeuses...

Après 3 tours en pneus slicks, en doublant une Ferrari au virage des Combes, je perds le contrôle de la voiture. Je suivais de prêt le leader à ce moment là, une Porsche, et passe au même endroit qu'elle. Je ne sais pas pourquoi j'ai perdu le contrôle.

Sur la caméra embarquée, pas d'erreur de pilotage, juste une petite glisse, je me retrouve sur la partie trempée de la piste et je tape la barrière de pneus avec l'arrière de la voiture.

Je parviens à regagner les stands, mais les dégâts sont trop importants : Nous décidons d'abandonner à environ 6h du matin.

Comme nous, de nombreuses voitures ne verront pas le lever du jour. La course se déroulant en octobre, le froid et la pluie ont eu raison de nombreux équipages. Seulement 29 voitures sur 56 au départ ont passé l'arrivée, et beaucoup d'entre elles à de nombreux tours de la tête.

Cette semaine m'a enseigné de nombreuses choses. Les 24 heures de Spa, c'est l'Everest des courses d'endurance. C'est l'une, si ce n'est pas "la" plus difficile. Il faut survivre. Je suis content de ce que j'ai réalisé.

J'ai provoqué l'abandon de la voiture, mais nous perdons la course dès la première heure. C'est cruel, tant de préparation, d'efforts, pour que tout s'efface en un freinage. C'est une belle leçon, nous ne sommes rien face à un tel challenge, il faut faire preuve d'une humilité absolue.

Je suis déçu de ne pas avoir pu finir la course, mais j'ai vécu une belle aventure avec mes coéquipiers, mon équipe technique. Pour une première fois à Spa j'ai eu ce qu'il y a de plus dur en conditions météo, mais j'ai beaucoup appris.

J'ai pris un plaisir énorme sur le circuit de Spa, avec la GT3, de jour, de nuit, que ce soit sur le sec ou sous la pluie. J'ai montré que j'avais déjà un très bon rythme.

Merci à tous pour votre soutien, de m'avoir permis de faire mes débuts sur cette épreuve mythique.

L'aventure continue et j'espère pouvoir de nouveau challenger ce monument l'année prochaine.

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